Suite à notre publication du début du mois, certains internautes ont voulu en savoir davantage sur le venin d’abeilles et voici ce l’on peut en dire: Le venin d’abeille est bel et bien toxique dans la vie réelle. Il peut provoquer des réactions locales intenses et, chez des personnes sensibilisées, des réactions générales plus graves allant jusqu’au choc anaphylactique qui peut entrainer la mort; en parallèle, il existe des usages en pharmacologie/cosmétique.
Ce qu’est le venin d’abeille
Le venin d’abeille (apitoxine) est composé principalement de mélittine, de phospholipase A2 et d’hyaluronidase, ainsi que d’autres peptides et amines biologiquement actives. La mélittine, qui peut représenter près de la moitié du venin, est un peptide cytolytique: elle s’insère dans les membranes cellulaires et augmente leur perméabilité, ce qui explique la douleur vive et l’inflammation après une piqûre. La phospholipase A2 renforce l’inflammation et l’hyaluronidase facilite la diffusion du venin dans les tissus voisins. c’est donc un complexe de toxines dangereuses
Toxicité et risques en vie réelle
Sur le plan local, l’individe ressent une douleur immédiate, rougeur, gonflement et démangeaisons autour du point de piqûre; parfois des réactions locales étendues durant plusieurs jours. Des effets qui peuvent s’étendre au reste de l’organisme par des céphalées, nausées, chute de tension; après de multiples piqûres, un risque d’hémolyse, de rhabdomyolyse et d’atteinte rénale aiguë peut survenir.
Chez une personne sensibilisée, une seule piqûre peut déclencher un urticaire généralisé, un œdème aux lèvres, visage et langue, un bronchospasme, voire un choc anaphylactique — une urgence vitale. Les personnes à risque ont des antécédents d’allergie aux hyménoptères, asthme ou des maladies cardiovasculaires. Les traitements par bêtabloquants ou IEC, peuvent compliquer la prise en charge d’une réaction sévère.
En cas de signes d’alerte (gêne respiratoire, vertiges, urticaire généralisée, gonflement du visage/langue, malaise ou hypotension), appeler immédiatement les secours; l’adrénaline intramusculaire est le traitement de première intention du choc anaphylactique.
Où et comment il est utilisé aujourd’hui
En pharmacie, pour le grand public, on peut trouver des produits topiques/cosmétiques à base de venin d’abeille (crèmes, gels, sérums) destinés au soin local ou au confort cutané et musculaire. Ils ne sont pas indiqués pour traiter des maladies systémiques et ne constituent pas des médicaments au sens strict. Leur usage doit rester conforme à la notice (application locale, peau intacte, test préalable sur une petite zone, arrêt en cas d’irritation).
Dans certains pays, des préparations de venin peuvent être utilisées par des praticiens formés, mais cela ne correspond pas à des médicaments standard disponibles en officine et cela comporte des risques allergiques/toxiques qui exigent une prudence extrême.
Ce qui n’existe pas
Nous insistons sur le fait qu’il n’existe pas, à ce jour, de médicament anticancéreux approuvé à base de venin d’abeille. Même si la mélittine peut détruire des cellules en laboratoire (en s’insérant dans leur membrane et en y créant des pores), ces résultats sont précliniques et ne suffisent pas à prouver un bénéfice chez l’humain.
