L’autre jour, BFMTV rapportait qu’un avion avait dû débarquer une vingtaine de passagers avant de décoller. Pourquoi ? Parce qu’il était trop lourd.
En aviation, la règle est simple : le poids maximum au décollage n’est pas négociable. Dépasser ce seuil, c’est aller droit au crash.
Un responsable sanitaire, entendant cela, a lâché une phrase qui a fait mouche :
« J’adore l’aviation pour le respect strict des règles. Si ceci pouvait être appliqué partout… Une entreprise qui produit pour 100 personnes et en emploie 1000, peut-elle décoller ? Les hôpitaux autonomes du Congo qui croulent sous les arriérés de salaires en sont une illustration. Et qu’un père qui gagne 200 000 FCFA ait dix enfants… peut-il réellement subvenir à leurs besoins ? »
Des hôpitaux trop lourds pour voler
Autour d’un verre, des médecins ont ajouté leur grain de sel. Exemple frappant : « Les recettes annuelles de l’hôpital de Loandjili ne couvrent même pas sa masse salariale d’un seul mois. »
Comment une structure ainsi plombée peut-elle fonctionner ? C’est un avion qui roule sur le tarmac, mais les ailes trop chargées pour jamais quitter le sol.
Entre rigueur et débrouille sociale
La discussion a pris un virage inattendu quand un collègue a entonné une célèbre chanson congolaise :
Si celui qui a mangé la poule le matin nourrit les poussins le soir, est-il un bienfaiteur ?

Le parallèle est troublant : oui, ces hôpitaux sont « surchargés ». Mais cette surcharge a permis à beaucoup d’y trouver un travail, donc de nourrir leurs enfants. Sans cette souplesse, beaucoup n’auraient jamais eu cette chance.
Alors, faut-il condamner un système lourd et bancal… ou le remercier d’offrir, malgré tout, une planche de survie à des milliers de familles ?
La vraie question
En un mot, nous sommes pris en étau entre :
- la rigueur absolue des lois physiques et économiques : trop de poids = pas de décollage ;
- la souplesse humaine et sociale : accepter la surcharge pour partager un peu de pain, même si le vol est instable.
Ce débat n’a rien d’abstrait. Il s’agit de la gouvernance de nos hôpitaux, de la gestion de nos familles, de l’avenir de nos institutions.
Alors, que faisons-nous ?
Devons-nous faire comme en aviation et refuser toute surcharge, au risque de laisser beaucoup sur le tarmac ?
Ou continuer à voler trop lourd, au risque de finir par s’écraser ?
La leçon de l’avion est simple et brutale : on finit toujours par payer la surcharge.
Reste à savoir si nous choisissons d’appliquer la rigueur avant le décollage, ou si nous attendons le crash pour comprendre que, dans la vie comme dans le ciel, il n’y a pas de miracle.