11/09/2025

Pourquoi ne voit‑on pas, dans nos hôpitaux africains, des scènes de réanimation aussi “spectaculaires” que dans les films ?

Le public s’interroge devant le nombre de décès que l’on peut constater, en l’espace d’une heure, dans certains grands centres hospitaliers. Il accuse parfois le personnel soignant de laisser mourir les patients sans se donner la peine d’essayer de les réanimer comme on le voit dans les films. Pourquoi ne voit-on pas ces scènes de réanimation “spectaculaires” ?

Le materiel compte, mais ne fait pas tout

En réalité, dans les unités de réanimation et dans les blocs opératoires, des patients sont réanimés tous les jours, avec plus ou moins de succès. Dans les autres services hospitaliers, pauvres en matériel de réanimation, il est peu probable d’observer ce type d’intervention. En effet, la réanimation d’un patient en arrêt ne se limite pas au massage cardiaque: il y a des médicaments à administrer et des gestes techniques à réaliser. Dans nos systèmes où le parent du malade doit d’abord aller à la pharmacie payer le médicament qui sera administré, en pleine course contre la montre, on comprend qu’il faut repenser le financement des soins.

L’étiologie oriente le pronostic et le geste

Une étude kenyane a montré une prédominance des rythmes non choquables, donc à pronostic défavorable. Il n’est pas toujours aisé de réanimer un patient lorsque l’on sait que le combat est perdu d’avance, comme dans le cas d’un cancer au stade terminal. Sous d’autres cieux, le patient lui-même précise souvent qu’il ne souhaite pas d’acharnement thérapeutique en cas d’arrêt cardiaque. Par ailleurs, l’insuffisance de places en réanimation empêche certains transferts.

La formation et l’organisation font la différence

Ce serait hypocrite de ne pas reconnaître la part de responsabilité des soignants en matière de formation. Reconnaître un arrêt, démarrer immédiatement des compressions efficaces, coordonner les soins, rechercher les causes réversibles: tout cela s’apprend, se répète et se supervise. Quand la collègue partie chercher un outil de réanimation traîne ou s’arrête pour renseigner longuement un usager, on doit admettre qu’il existe des lacunes. Il faut former le personnel soignant aux urgences vitales et aux gestes de réanimation.

Attention aux biais du cinéma

Il faut garder à l’esprit qu’il existe une différence entre le cinéma et la réalité, même en Europe. Là-bas aussi, des patients meurent; simplement, l’expression de la douleur est moins bruyante, et cela peut donner l’illusion d’une meilleure issue.

Et maintenant, on fait quoi?

Ce n’est pas une fatalité. Un effort coordonné patients‑familles, soignants et décideurs peut changer la donne: équiper les services clés, garantir des médicaments et consommables dans les unités de soins, déployer des formations certifiantes (BLS/ACLS/ALS), etc… Chaque action réduit les délais, améliore la qualité des gestes et augmente les chances de survie du patient. La question est par quoi commencer?

Par 242sante.net