Les chiffres clés sur l’état de santé du système sanitaire congolais

Le Congo Brazzaville a une population de 6,14 millions d’habitants selon le recensement de 2023, dont 75,3% ont moins de 35 ans. Le pays affiche un taux de croissance démographique de 3,2%/an. Cependant, cette jeunesse démographique contraste fortement avec les réalités économiques: le PIB par habitant s’élevait à 2 448 dollars américains en 2022, classant le pays parmi les États à revenu intermédiaire inférieur, au 153e rang mondial en développement économique. L’indice de développement humain (IDH) de 0,593 le place au 149e rang sur 193 pays en 2023, malgré une trajectoire d’amélioration progressive.

Depuis 2015, le pays subit une crise économique structurelle, initialement liée à la chute des prix du pétrole, puis aggravée par les impacts dévastateurs de la pandémie de COVID-19 qui a provoqué une récession de 8,1% en 2020. Bien que des projections de croissance à 4% aient été envisagées pour 2023, la réalité socioéconomique reste préoccupante : le taux de chômage atteint 21,8% de la population active, avec une proportion alarmante de 42% chez les jeunes. Plus largement, 52,5% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, et la pauvreté multidimensionnelle touche 24,27% des Congolais.

L’écart de développement entre femmes et hommes demeure marqué, avec un indice de développement féminin de 0,564 contre 0,62 pour les hommes. Cette fragilité économique de fond crée des obstacles majeurs à l’accès à l’eau potable, l’électricité, l’éducation et les infrastructures de santé, particulièrement en zones rurales.

Un financement de la santé encore insuffisant malgré les progrès

Le président congolais, lors de la tournée d’inauguration des hopitaux generaux en Nov 2025

Reconnaissant l’importance de la santé pour le développement, le gouvernement congolais a augmenté sa contribution au secteur depuis 2017, atteignant 14% du budget national en 2020. Cette mobilisation politique s’est traduite par des dépenses totales de santé représentant 4,09% du PIB, soit environ 246 milliards de francs CFA en 2020.​ En termes per capita, le financement public de la santé s’élève à 99 dollars américains par personne en 2021, une ressource très limitée pour assurer une couverture sanitaire universelle de qualité.

L’État finança 51% des dépenses courantes de santé en 2020, tandis que les ménages assument directement 42% des frais, créant un accès inégal aux services. Conscient de ces défis, le gouvernement s’est engagé dans une réforme ambitieuse avec la mise en place du Régime d’assurance maladie universelle (RAMU) par la Loi n° 37-2014, modifiée par la Loi n° 12-2023, et l’opérationnalisation de la Caisse d’assurance maladie universelle (CAMU).​​

Des ressources humaines critiquement insuffisantes

L’un des goulots d’étranglement majeurs du système de santé congolais demeure la pénurie aiguë de personnel qualifié. Selon la Stratégie OMS 2025-2028, l’effectif total du secteur de la santé s’élevait à 8 577 agents en 2023, représentant une densité globale de 1 agent pour 1 000 habitants, alors que la norme minimale recommandée par l’OMS de 4,4 agents pour 1 000 habitants.​ La composition du personnel par domaine révèle des disparités criantes :

  • Médecins : Une densité de 1,75 pour 10 000 habitants, soit un peu plus de 1 000 médecins pour tout le pays, malgré les centaines de médecins rentrés de formation à Cuba.
  • Personnel infirmier et sages-femmes : 10,85 pour 10 000 habitants
  • Dentistes : Une présence quasi-inexistante à 0,01 pour 10 000 habitants
2023, des nouveaux medecins rentrés de Cuba qui réclamaient leur recrutement

63% du personnel de santé se concentre dans les zones urbaines, notamment à Brazzaville et Pointe-Noire, laissant les zones rurales et périphériques gravement sous-équipées. Plus précisément, 77,7% des médecins exercent à Brazzaville ou Pointe-Noire, tandis que 48,9% de tout le personnel santé opère à Brazzaville seule et 13,8% à Pointe-Noire. Cette distribution déséquilibrée renforce les inégalités d’accès aux soins entre milieux urbains et ruraux.

Outre le manque numérique, le secteur fait face à d’importants défis qualitatifs. Les qualifications du personnel varient considérablement, avec 74% de femmes parmi le personnel (2023), et 38% des agents opérant dans les hôpitaux généraux, structurellement plus complexes. L’absence de suffisance en personnel cadre qualifié pour la supervision et la formation continue aggrave cette situation.

Indicateurs de couverture sanitaire : Des progrès fragiles

Malgré le contexte contraignant, le Congo enregistre certains résultats encourageants en matière d’accès aux services de santé, particulièrement dans la périnatalité et la vaccination infantile.​ En matière de santé maternelle et néonatale, les résultats sont particulièrement notables :

  • 93% des femmes enceintes accèdent à des soins prénatals assurés par un personnel qualifié
  • 94,3% des accouchements sont assistés par des prestataires formés (2022)

Pour la vaccination des enfants, la couverture complète s’établit à 46% en 2023, indiquant que près de la moitié des enfants reçoit l’ensemble du programme vaccinal. Bien que progressant, ce taux révèle encore d’importantes lacunes d’équité d’accès.

Le traitement présumé du paludisme atteint 66% en 2024, montrant une capacité croissante du système à identifier et traiter rapidement les cas dans les communautés. Pour la tuberculose, le succès thérapeutique s’établit à 82% en 2024, un résultat solide qui reflète une gestion effective des programmes de traitement court et supervisé.

Cependant, un manquement critique demeure visible : parmi les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), seuls 31% accèdent aux antirétroviraux en 2023, tandis que la prévalence du VIH dans la population de 15-49 ans s’établit à 4,1% en 2022. Cette faible couverture thérapeutique du VIH signale un défi majeur non encore résolu.

Le tableau ci-dessous illustre les indicateurs de mortalité, avec le choc de la notification que 97% des décès maternels sont évitables. 97% des soeurs et épouses qui sont décedées en donnant la vie seraient encore avec nous si nous et le système de santé avions tout mis en oeuvre dans les temps pour les sauver.

IndicateurValeurAnnée
Espérance de vie à la naissance63,05 ans2022
Taux brut de mortalité7,3 pour 1 000 habitants2023
Mortalité maternelle304 pour 100 000 naissances2023
– Décès maternels par semaine7 décès2023
Décès évitables97%2023
– Cause principaleHémorragies postpartum (61,2%)2023
Mortalité néonatale20,29 pour 1 000 naissances vivantes2023
– Baisse depuis 2018-14 points2018-2023
– Causes principalesInfections (33,35%), prématurité (32,44%), encéphalopathie (30,75%)2023
Mortalité infantile30,73 pour 1 000 naissances2023
Mortalité infanto-juvénile45,94 pour 1 000 naissances2023

Source principale : Organisation mondiale de la Santé (OMS), Stratégie de Coopération OMS-Congo 2025-2028, Brazzaville, 2025

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