Carmat, entreprise française qui a conçu le cœur artificiel total « Aeson », fait face à sa plus grave crise, alors que sa liquidation judiciaire est prévue pour le 25 novembre 2025. Les éventuels repreneurs ont jusqu’au 3 novembre pour se prononcer.
Une technologie révolutionnaire
Le cœur artificiel de Carmat est une prothèse totale électrohydraulique bioprothétique utilisée chez des patients en insuffisance cardiaque terminale biventriculaire. Ce dispositif pulsatile reproduit la fonction naturelle du cœur grâce à une membrane externe biocompatible dérivée du péricarde de veau, réduisant ainsi les risques de rejet et la nécessité d’anticoagulants. Le cœur fonctionne en adaptant son débit sanguin aux besoins physiologiques du patient via un système externe portable qui assure mobilité et autonomie.
Bien que certains patients aient pu être greffés après plusieurs mois d’implantation, la greffe reste généralement nécessaire. Ce cœur artificiel est actuellement remboursé en France, mais son coût élevé avoisine les 167 000 à 200 000 euros l’unité (130 millions de FCFA).
Actionnaires et levées de fonds
Carmat a été fondée par le professeur Alain Carpentier, un chirurgien cardiaque français, avec le soutien initial de la société Matra Défense (devenue Airbus Group), Truffle Capital et Jean-Luc Lagardère.
Aujourd’hui, les principaux actionnaires sont Lohas, dirigé par Pierre Bastid, président du conseil d’administration, et Santé Holdings, chacun détenant près de 19 % du capital. 550 millions d’euros ont déjà été mobilisés pour cette aventure, mais cela n’a pas suffi à endiguer la crise financière qui menace la continuité de l’entreprise.
Une épreuve financière majeure
Le modèle économique de Carmat est lourdement impacté par les coûts faramineux de recherche, de production et de développement, couplés à des ventes limitées. L’entreprise a connu des incidents techniques récurrents qui ont ralenti la montée en puissance commerciale.
Aujourd’hui, elle a besoin d’au moins 40 millions d’euros pour survivre et se rapprocher de la rentabilité.
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Enjeux pour les patients et l’innovation
Une trentaine de patients vivent actuellement avec un cœur artificiel Carmat. La disparition de l’entreprise pose des questions majeures sur la maintenance, le suivi médical et l’approvisionnement en dispositifs. Les autorités rassurent, mais qu’en sera-t-il en pratique ?
Au total, ce sont 122 patients de 11 pays qui ont été implantés. Une quarantaine a fini par être transplantée. C’est le cœur artificiel total le plus abouti à ce jour, qui risque de disparaître le mois prochain.
Dr Euclide OKOLOU
