09/10/2025

La RDC en guerre et en lutte contre cinq épidémies simultanées

À la croisée des crises sanitaires et sécuritaires, la République démocratique du Congo – « un pays-continent » de 109 millions d’habitants – fait face à une crise épidémiologique sans précédent, aggravée par la guerre qui sévit à l’est.

Depuis début 2025, cinq maladies virulentes se propagent à travers ce vaste territoire : Ebola, le choléra, la rougeole, le mpox et une fièvre hémorragique virale inconnue. Les autorités nationales, l’OMS, MSF et d’autres acteurs mobilisent des ressources considérables pour enrayer ces fléaux. Pourtant, entre insécurité, difficultés logistiques et manque de financements, la riposte peine à suivre le rythme de la contagion.

1. Ebola : l’urgence au cœur du Kasaï

Détectée le 20 août 2025, l’épidémie d’Ebola a été déclarée officiellement le 4 septembre. Au 21 septembre, 57 cas (47 confirmés, 10 probables) et 35 décès étaient recensés (taux de létalité : 61,4%) ; 11 nouveaux cas sont apparus en une semaine, dont cinq parmi le personnel soignant. Pour contenir le virus :

  • 400 doses de vaccin déployées à Bulape et 1 500 doses prêtes à l’envoi vers Kinshasa.
  • 45 000 doses supplémentaires validées par l’International Coordinating Group.
  • 40 experts de l’OMS et 12 tonnes d’équipements anti-infection acheminés sur le terrain.
  • 560 contacts tracés, dont 91% visités récemment.
  • Un centre de traitement opérationnel à Bulape, malgré l’insécurité croissante dans l’Est.
  • L’ONU cherche 20 millions USD pour ajouter au 78 millions USD prévu par le plan d’action gouvernemental

2. Choléra : une menace séculaire ravivée

Le choléra, endémique depuis des décennies, a connu une recrudescence majeure début 2025. Fin septembre, plus de 35 000 cas et 757 décès étaient confirmés dans 17 provinces. Habituellement, chaque année, le cholera tue une centaine de personnes dans le pays. La semaine 37 a ajouté 1 186 cas suspects et 33 décès, signe que la flambée n’est pas maîtrisée. Les dernières infos de la riposte relèvent:

  • Adoption d’un plan d’urgence multisectoriel (sept.–déc. 2025) pour viser l’élimination des cas.
  • Vaccination de plus de 11 000 personnes, malgré une couverture insuffisante en zones instables.
  • Programmes d’accès à l’eau potable et d’assainissement, ainsi que campagnes de sensibilisation.

3. Rougeole : la résurgence d’une maladie évitable

La rougeole a explosé en 2025 avec plus de 36 150 cas suspects et 565 décès signalés dans presque toutes les provinces. Les pénuries de vaccins menacent les campagnes de routine, laissant des millions d’enfants vulnérables. Les actions actions sur le terrain sont encore insuffisants par rapport à la tâche. Il s’agit de :

  • MSF et ses partenaires ont vacciné 437 000 enfants et traité 5 430 malades.
  • Déploiement de 20 interventions d’urgence, mais la chaîne du froid reste un défi majeur dans les régions isolées.

4. Mpox : une crise prolongée

Depuis la première vague de 2023, le mpox reste actif : plus de 107 710 cas suspects et 29 772 confirmés rien qu’en 2025. La semaine 37 a rapporté 431 cas suspects dont 182 confirmés. Pour contrer la propagation :

  • 642 802 personnes vaccinées, dont 39 464 avec le vaccin LC16 à Kinshasa.
  • Renforcement de la surveillance dans huit provinces : Nord-Kivu, Sud-Kivu, Kinshasa, Kasaï, Tshopo, Tanganyika, Haut-Katanga, Mai-Ndombe.

5. Fièvre hémorragique virale inconnue : un mystère médical

Apparue en novembre 2024 dans la province de l’Équateur (zone de santé de Panzi), cette maladie a causé 431 cas et 53 décès sans qu’Ebola ou Marburg n’en soient responsables. Sur le terrain, les équipes médicales en sont réduits à une surveillance syndromique renforcée et des investigations de laboratoire pour identifier l’agent causal. La prise en charge est symptomatique en attendant d’en savoir davantage.

Au-delà de ces défis sanitaires, c’est la guerre à l’est de la RDC qui interdit l’acheminement fluide des vaccins et du matériel, fragilisant l’action humanitaire. Entre batailles armées et épidémies, la mobilisation internationale doit se renforcer pour éviter un drame sanitaire à l’échelle d’un continent.

Par 242sante