C’est une histoire émouvante que nous avons lue chez l’UNFPA Congo. Une histoire qui mêle condamnation traditionnelle, quasi-exclusion sociale et ignorance. C’est l’histoire d’Eva, une femme dont la douleur ne se crie pas, mais se distingue dans le regard. Il en était ainsi, jusqu’à ce qu’elle reçoive des soins appropriés.
De la malédiction à la renaissance
Dans les ruelles poussiéreuses de Gamboma, Eva, une femme de 38 ans, a souvent porté la vie, mais sa maison a trop souvent accueilli le silence du deuil : cinq grossesses, trois accouchements dont deux bébés morts avant de voir le jour, deux fausses couches. À chaque fois, le même refrain : « C’est la sorcellerie, c’est elle le problème ». Stigmatisée par son mari et sa belle-famille, elle était devenue un « mauvais signe ». Personne ne pensait à l’hôpital, à un bilan, à trouver un vrai nom médical sur ces drames à répétition.
Un jour, le nom de Stella circule dans le quartier : une sage-femme humanitaire de l’UNFPA, connue pour sa douceur et son sérieux. Eva ose une consultation, puis le bilan complet qui lui est prescrit. Les résultats sont froids et clairs en même temps : Eva est Rhésus négatif, avec un risque de complications graves en cas d’incompatibilité fœtale. Elle porte une toxoplasmose positive, une rubéole positive, une infection à Chlamydia et une infection urinaire sévère, toutes des causes possibles de fausses couches, de morts fœtales, de grossesses brisées.
Là où la belle-famille parlait de malédiction, de sorcellerie, la science parle de traitements possibles. Pour la première fois, Eva comprend : ce n’était ni un sort, ni un « mauvais ventre ». C’était médical. C’était évitable. Quand une nouvelle grossesse arrive, la peur est là, bien sûr. Mais cette fois, elle n’est plus seule. Chaque consultation devient un rempart : prévention des risques liés au Rhésus, contrôle des infections, surveillance attentive. Là où avant on attendait le drame, désormais on anticipe et on protège. C’est à cela que servent les consultations prénatales. À l’accouchement, le cri du bébé déclenche les larmes de la maman, des larmes qui lavent des années de culpabilité et de suspicion.
Les leçons à en tirer
L’histoire d’Eva rappelle qu’il y a encore 7% de femmes congolaises qui n’ont pas accès ou ne sont pas éduquées à rechercher des soins prénatals assurés par un personnel qualifié. Elle met en valeur le bilan du premier trimestre de grossesse et soulève des questions sur les stigmatisations faciles que plusieurs vivent en société. La pauvreté ambiante a certainement sa part de responsabilité. Nous espérons que l’assurance maladie universelle va effacer ce type de drame familial
Source de l’histoire: Unfpa Congo

