27/10/2025

Comprendre les lynchages de médecins en RDC: Quand la rumeur conduit aux drames

La République Démocratique du Congo a récemment été le théâtre d’un événement tragique : deux épidémiologistes, le Dr Placide Mbungi et John Tangakeya, ont été lynchés puis brûlés vifs à Ilambi, dans la province de la Tshopo. Ces violences sont nées de rumeurs de « vol de sexe » et de sorcellerie. Elles illustrent une réalité complexe où peur, ignorance et défiance envers les institutions se mêlent pour engendrer des actes barbares.

Les causes de ces drames : rumeurs, sorcellerie et défiance

Dans beaucoup de communautés africaines, des phénomènes comme des maladies inexpliquées ou des malaises sont attribués à la sorcellerie ou à des actes surnaturels. La rumeur du « voleur de sexe » prétend qu’on peut dérober les organes génitaux masculins par un simple contact mystique.

Lorsqu’un soignant, souvent perçu comme un étranger, est accusé à tort, la peur collective pousse à une justice populaire violente. Cette violence est renforcée par une méfiance profonde envers la police et la justice. La situation sociale difficile, l’instabilité et la précarité aggravent cette tendance au lynchage. Le lynchage devient un défouloir contre des frustrations sociales.

Par ailleurs, le déficit d’éducation sanitaire et l’incompréhension des mécanismes médicaux creusent le fossé entre soignants et communautés. Le manque d’information transparente conduit à une rupture de confiance. Les agents de santé deviennent des boucs émissaires. Ils subissent la méfiance non seulement liée au mysticisme, mais aussi aux tensions sociales et économiques.

Comment prévenir ces tragédies ?

Pour éviter que ces drames ne se répètent, plusieurs mesures sont nécessaires :

  • Sensibiliser les communautés en éduquant sur les maladies, leurs traitements comme le fait 242sante.net.
  • Renforcer la confiance dans l’État de droit, la justice et les forces de l’ordre, afin que la violence populaire laisse place au recours légal.
  • Impliquer les chefs traditionnels, religieux et leaders communautaires dans la médiation, pour prévenir et résoudre pacifiquement les conflits liés aux rumeurs.
  • Protéger les professionnels de santé, surtout dans les zones à risque, renforcer les réponses institutionnelles en cas d’agression, et assurer une communication médiatique responsable pour mieux faire comprendre les enjeux.

Dr Euclide Okolou