Cet examen inutile de fièvre typhoïde qu’on vous fait payer pour rien

Tous les jours, dans nos centres de santé, des agents prescrivent le test de Widal et Felix. Parfois, c’est à la demande des patients, à qui cet examen a été présenté comme étant le TOP pour diagnostiquer une fièvre typhoïde. En effet, le test de Widal-Felix était anciennement utilisé pour détecter la fièvre typhoïde et la paratyphoïde. Ça, c’était avant !

Aujourd’hui, la communauté médicale mondiale déconseille sa prescription. Depuis un bon moment, les médecins des grands centres comme le CHU de Brazzaville ou l’hôpital militaire ne le prescrivent plus. Un laborantin nous a assuré que les laboratoires respectables de nos villes ne le réalisent plus. Cependant, il est fréquent de le retrouver dans les carnets des patients ayant transité dans les centres de santé périphériques.

Pourquoi faut-il arrêter la prescription du test de Widal-Felix pour le diagnostic de la fièvre typhoïde ?

  • Faible fiabilité diagnostique : le test présente une faible sensibilité et une faible spécificité, ce qui signifie qu’il peut donner de nombreux résultats faux positifs ou faux négatifs. Un résultat positif ne garantit pas que la personne souffre actuellement de la fièvre typhoïde, et un résultat négatif ne l’exclut pas.
  • Difficulté d’interprétation : le test ne permet pas de différencier une infection récente d’une ancienne exposition, ni de faire la distinction avec les personnes vaccinées ou ayant déjà été infectées. Cela complique énormément l’interprétation clinique, surtout dans des zones où la maladie est fréquente.
  • Risque de mauvaise prise en charge : une interprétation erronée peut conduire à un surdiagnostic, à l’automédication, et à l’usage inapproprié d’antibiotiques, favorisant ainsi l’émergence de résistances bactériennes.

Qu’est-ce qui est recommandé à la place du test de Widal et Felix ?

Les experts recommandent désormais de privilégier les examens directs, tels que :

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  • l’hémoculture, particulièrement efficace pendant les premières semaines d’évolution,
  • la coproculture,
  • les tests moléculaires (PCR) lorsque disponibles.

Ces méthodes garantissent un diagnostic plus précis. Il est donc fondamental que l’information soit diffusée pour réduire ses prescriptions,  privilégier des méthodes modernes et plus fiables afin de mieux lutter contre la fièvre typhoïde et limiter la résistance bactérienne.

Par Dr Euclide OKOLOU