09/10/2025

Choléra au Congo: au fil du fleuve, l’épreuve et l’espoir

724 cas, 65 décès depuis fin juin. Tandis que Brazzaville respire, la zone fluviale de Mossaka‑Loukolela reste l’épicentre et concentre les pertes.

Sur les pirogues qui remontent le Congo, l’information circule à la vitesse du courant: “il y a la diarrhée là-bas, il faut bouillir l’eau”. Dans les villages, chacun connaît un parent ou un voisin emporté trop vite par une maladie qu’on pensait lointaine, et qui frappe désormais à la porte des maisons de planches, un bidon d’eau à la main. Depuis fin juin, 724 malades ont été comptés dans le pays dont 65 décedés, soit un taux de létalité de 9% qui dit la brutalité d’un choléra revenu s’ancrer dans les failles du quotidien.

Brazzaville, une accalmie fragile

À Brazzaville, la capitale respire un peu mieux: aucun décès depuis le 6 août, même si l’Île Mbamou qui était l’épicentre du département, continue d’enregistrer des cas, preuve que l’urbanité protège sans immuniser.
Huit nouveaux cas ont été notifiés sur la période du 15 au 16 septembre dans tous le pays, avec un foyer émergent à Makotimpoko, dans le district sanitaire de Gamboma. Ceci rappelle que la transmission persiste par bouffées.

Des décès loin des perfusions

Le cœur de la crise bat dans la zone fluviale de Mossaka‑Loukolela, où l’eau relie tout mais complique tout: 405 cas et 52 décès, une létalité de 12,8% qui révèle une réalité simple et cruelle à la fois, arriver trop tard au soin coûte des vies. Globalement, 85% des décès surviennent en communauté, loin des perfusions et des solutions de réhydratation prêtes à sauver, alors que la médecine du choléra est d’abord une course contre la déshydratation.

Une épidémie au visage jeune

Les chiffres racontent aussi une histoire sociale: six patients sur dix sont des hommes. L’âge médian des cas est de 26 ans; les 15–24 ans concentrent le plus de cas, mais le risque de mourir grimpe nettement après 55 ans, là où le corps résiste moins aux pertes hydriques fulgurantes.

134 400 doses de vaccin sont arrivées, pour renforcer la risposte. Encore faut-il que les villageois qui nient l’existence de l’épidémie acceptent de se faire vacciner. Plus de 10 000 comprimés de potabilisation ont été distribués, 71 puits et forages traités, des centres désinfectés, pendant que les équipes tracent, confirment, soignent et forment, de marché en marché, de case en case.

Rattrapé par le manque d’infrastructures

Entre Sossolo et Mitoula, 263 kilomètres sans poste de santé; des villages entiers sans réseau téléphonique; des trajets qui coûtent du temps, de l’essence et parfois l’issue d’un malade en hypovolémie. Les croyances et la stigmatisation ajoutent leur part d’ombre; défécation en rivière, latrines absentes, forages en panne, tout ce qui rend l’eau vivante et dangereuse à la fois.

La lutte contre le choléra tient à une équation simple et exigeante: de l’eau sûre, des soins proches, des gestes appris; tout le reste — logistique, carburant, réseau — n’est là que pour permettre à cette simplicité d’advenir, là où le fleuve fait encore loi.

Par 242sante.net